5 questions à Catherine Destivelle, piolet d’or et marraine d’Opération Neiges Éternelles

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03/06/2022 par l'équipe En Cavale

Première femme alpiniste à avoir reçu le Piolet d’Or, Catherine Destivelle fait partie de ces femmes que l’on admire chez En Cavale. À la fois en escalade et en alpinisme, elle a collectionné les records et les premières mondiales. Alors quand on a décidé que tout le scénario de notre grande enquête de l’avent se déroulerait en Haute Montagne, on a sauté sur l’occasion. On lui a demandé d’être la marraine du Calendrier de l’Avent’Ure : Opération Neiges Éternelles.

Marraine d’un jeu ? En effet, le Calendrier de l’Avent’Ure, c’est un décor à monter ET un support audio. À la fin de de chacun des épisodes audio, Catherine Destivelle partagera tout son savoir et son expertise sur la montagne avec les enfants. Et il faudra être bien attentif, car ces informations pourraient contenir de précieux indices pour la résolution de l’enquête…

Mais revenons à nos moutons d’alpages. Catherine a bien évidemment accepté de partager son expérience. Aujourd’hui à la tête des Éditions du Mont Blanc, elle participe déjà à faire découvrir sa passion pour l’escalade, l’alpinisme, la nature et la montagne à travers de beaux livres pour petits et grands.

Catherine Destivelle, qu’est-ce qui vous a poussé à accepter de soutenir Enquête En Cavale ?

Catherine Destivelle : Quand j’étais jeune, ce qui me motivait c’était les livres et les films de Belle et Sébastien et de Heidi. C’est pour cette raison que j’ai voulu faire de la montagne. C’était mon rêve. J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont emmenée en montagne. Je me dis qu’avec ce Calendrier de l’Avent’Ure, on permet à des jeunes de découvrir cette montagne qui m’a portée toute ma vie, qui m’a donné plein de joie et de rêves. Même encore aujourd’hui, je rêve de faire tel ou tel sommet, de découvrir d’autres pays, d’autres civilisations.

Pourquoi est-ce important pour vous de partager votre expérience et votre savoir avec des enfants ?

Catherine Destivelle : La montagne m’a beaucoup aidée dans la vie. OK, ça demande un petit effort. Marcher, grimper … Parfois t’en as ras le bol. Mais quand tu arrives là haut, tu es tellement content. Et tu sais que tu en es capable. Rien n’est impossible en fait. Ça te montre que tu es capable de faire beaucoup de choses dans la vie.

Qu’est-ce que l’alpinisme ?

C.D. : Les alpinistes sont les personnes qui grimpent jusqu’aux sommets les plus hauts à l’aide de cordes, de baudriers, de piolets . C’est une activité que l’on peut démarrer très jeune. Moi j’ai commencé à 10 ans. Comme la montagne peut présenter quelques dangers comme les chutes de pierres, les avalanches ou les crevasses dans les glaciers, il faut toujours être encadré par des personnes qui connaissent bien la montagne.

Faire de l’alpinisme, ça permet de se dépasser, d’arriver à un sommet et de profiter de paysages exceptionnels.

Quelle est la meilleure saison pour faire de l’alpinisme ?

C.D. : Il y’a 100 ans on pouvait dire que la meilleure saison pour faire de l’alpinisme, c’était l’été : les journées sont longues, il ne fait pas trop froid. Mais aujourd’hui l’alpinisme a beaucoup évolué et on peut dire que même l’automne, le printemps ou encore l’hiver sont de bonnes saisons.

Par exemple, la face Nord de l’Eiger en Suisse est très longue et très dangereuse car il y’a souvent des chutes de pierres. Il vaut mieux y aller en hiver car quand tout est gelé, les pierres restent prises dans la glace. Les risques sont limités, la voie est plus stable.

Aujourd’hui la meilleure saison se choisit en fonction de la particularité de la paroi que l’on souhaite gravir.

Qu’est ce qu’une aiguille en montagne ?

C.D. : Une aiguille désigne un sommet relativement pointu. Quand le sommet est plutôt rond, on parle de dôme. Par exemple, on peut parler du dôme du Mont Blanc.  

Chaque aiguille a un nom généralement donné par les premiers qui ont fait cette ascension, qui ont ouvert la voie : l’Aiguille de la Blaitière, l’Aiguille du Fou, l’Aiguille verte …

Mon aiguille préférée : l’Aiguille du Dru dans le massif du Mont-Blanc, ou plutôt les “Drus” parce qu’en vrai il y’en a deux.

Les Drus

Ça veut dire quoi, ouvrir une voie ?

C.D. : Dans les années 1700 les premiers alpinistes cherchaient uniquement à gravir un sommet, quel que soit le parcours qu’ils allaient faire. À l’époque, ils n’avaient pas de cordes, pas d’équipement adapté, et choisissaient de gravir le sommet par la voie qui leur semblait la plus facile, c’est-à-dire bien souvent marcher dans la neige. Au début tous les premiers sommets ont été gravis par des pentes de neige. Ensuite, il a fallu qu’ils progressent techniquement, qu’ils aient d’autres outils pour arriver à grimper, car il y’avait des sommets avec des rochers. Par exemple, Le Cervin, qui est l’une des plus belles montagnes du monde à la frontière entre la Suisse et l’Italie a été l’une des dernières à être gravies dans les Alpes. Pourquoi ? Parce qu’elle est très rocheuse.

En 1911, le mousqueton a été inventé. C’est très pratique cet objet : tu mousquetonnes un piston, tu passes ta corde dedans et hop, tu es assuré. Les alpinistes à cette époque ont donc pu se permettre de gravir des sommets plus difficiles en toute sécurité.

Mais les alpinistes aiment bien faire des choses nouvelles et différentes. Une fois que les grands sommets rocheux étaient faits, ils ont décidé d’ouvrir des voies sur d’autres versants. Les Drus ont par exemple été gravies pour la première fois par le côté le plus facile, celui du refuge de Charpoua. Puis plus tard, les alpinistes ont décidé de s’attaquer au côté Sud Ouest des Drus, par lequel il fallait vraiment grimper.

Une voie ou un sommet ?

Il y’a parfois 20 ou 30 voies différentes pour atteindre un même sommet. Quand on veut faire l’ascension d’un sommet, on choisit par quel voie on veut passer en fonction de ses capacités et son niveau technique.

Ouvrir sa voie ça veut dire : faire un itinéraire où personne n’est jamais allé auparavant. Par exemple, moi j’ai ouvert une voie dans la face Ouest des Drus. Je suis la première à être passée par cet itinéraire. J’ai mis 11 jours pour le faire, en solo. J’ai eu mauvais temps et j’ai dormi dans une sorte de hamac, un portaledge. 

Catherine Destivelle en pleine ascension en solitaire des Drus, au dessus de son portaledge
Catherine sur les Drus, au-dessus de son portaledge
crédit : Gilles Chappaz

Reste il encore des sommets qui n’ont jamais été gravis ?

C.D. : Oui, il y’en a encore plein dans le monde. Beaucoup se situent en Asie : en Inde, en Chine, au Tibet, au Népal. Certes c’est bien plus rare en Europe, mais il reste encore plein de voies à ouvrir. Même en France, même dans les Alpes, si tu veux ouvrir ton itinéraire c’est possible !

À vos piolets ! Et pour aller plus loin sur la montagne avec vos enfants :

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