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Être mi-femme, mi-oiseau, la sirène de la mythologie grecque est cette créature qui ne cesse de fasciner, de surprendre, de faire peur et de charmer. Qui est-elle ? Comment la représente-t-on ? Où la retrouve-t-on dans les arts et dans notre monde contemporain ?
En Cavale a plongé la tête dans l’eau et vous rapporte quelques indices pour mieux comprendre cet envoûtement que suggèrent les sirènes.
Mythes et Légendes
Ce qu’on dit de la sirène dans la mythologie grecque
Tandis que l’image traditionnelle de la sirène comme animal mythologique dans notre imaginaire se situe à mi-chemin entre la femme et le poisson, cela relève uniquement d’une tradition nordique.
Les sirènes issues des premiers textes grecs précisent bien qu’elles étaient à la fois femmes et oiseau.
Se déplaçant souvent par deux, trois ou quatre tout au plus, elles chantent afin de détourner les marins afin que ces derniers échouent sur les rochers.
Les sirènes n’hésitaient pas à se noyer si les navigateurs ne tombaient dans leur piège. Elles se transformaient alors en statues.
Certains navigateurs, d’ailleurs, réussirent à déjouer les voix des sirènes à l’image de :
- Orphée qui, grâce à sa lyre, recouvrit le chant des sirènes ;
- Ulysse qui boucha ses oreilles et celles de ses compagnons avec de la cire. Il s’attacha au mât de son bateau pour ne pas être tenté de plonger à la mer.
Selon les récits, les sirènes étaient des servantes de Perséphone et elles aidèrent Hadès à l’enlever. Cérès, mère de Perséphone, les punit et les changea en monstres femmes – oiseaux.
Et, dans d’autres récits, les sirènes étaient de belles jeunes filles qui refusèrent les avances des Dieux. Comme Aphrodite ne peut accepter que de simples mortelles puissent éconduire les dieux de l’Olympe, elle décida de les transformer en créatures sournoises.
Avec l’aide d’Héra, les sirènes défièrent alors les Muses dans un concours de chant et elles perdirent. Les Muses arrachèrent leurs plumes afin de se confectionner des couronnes.
Elles ne font pas partie des 12 dieux grecs et leurs attributs.
C’est à partir du Moyen-âge et avec l’arrivée des légendes des contrées nordiques que les sirènes furent représentées en femmes à queue de poisson (l’image de la statue de la petite sirène à Copenhague).
Nombre et Noms des Sirènes
On dénombre une dizaine de sirènes reconnues dans les textes antiques :
- Aglaopé, réputée à avoir un beau visage (selon Apollodore)
- Aglaophone avec sa voix splendide (selon Hésiode)
- Ligie et sa voix claire (selon Apollonios de Rhodes)
- Leucosie dite la Blanche
- Molpé et son chant étrange (d’après Hésiode)
- Parthénope avec sa voix de jeune fille
- Pisinoé et son don de persuasion
- Thelxinoé qui charme l’esprit (Hésiode)
- Thelxiope dite l’Enchanteresse
- Thelxpie surnommée la charmeuse (d’après Apollodore).
On retrouve habituellement les sirènes par groupe de 3. Tandis que l’une joue de la lyre, une autre joue de la flûte et la dernière chante.
Poursuivez votre découverte sur le monde des sirènes en jouant avec notre jeu sur la mythologique grecque En Cavale pour tout savoir sur ces créatures fascinantes !
Généalogie de la sirène en mythologie grecque
D’après la Tradition grecque, les sirènes sont les filles d’Archelos, d’où leur nom grec d’archéloïdes ou Apollodore ou encore de « Phorcys ».
Selon les textes, leurs mères furent Stérope, Melpomène, Terpsichore, Calliope puis Gaïa (selon Euripide).
D’après l’Odyssée d’Homère, la sirène était une divinité de la mer qui était postée à l’entrée du détroit de Sicile, sur une mer qui se trouvait entrer l’île d’Aea et celle des monstres Charybde et Scylla (détroit de Messine entre l’Italie et la Sicile).
Elle charmait les marins et les entrainait à la mort par son chant mélodieux qui était des prophéties ou des chansons inspirées par Hadès.
À noter : Le nom de « sirène » est un dérivé de la racine « seo » qui signifie « lier » ou « attacher ».
Génies funèbres, avides de sang et hostiles aux vivants, les sirènes avec leur corps d’oiseau à tête de femme avaient pour l’habitude, traditionnellement, de séjourner sur des rochers escarpés sur les bords de la mer Tyrrhénienne, près de Capri (au cap Pilore), mais aussi à l’île d’Anthémuse et aux îles des Sirémuses.
Les sirènes dans les arts
Les sirènes, comme beaucoup de figures mythologiques, ont été représentées dans les arts depuis l’Antiquité.
On les retrouve souvent sur les anciens monuments avec leur corps d’oiseau et une tête de femme.
Leurs attributs sont toujours les mêmes : une lyre, une flûte et un rouleau de musique (et parfois un miroir).
Alors qu’elles étaient vouées à un véritable culte en Italie (à Naples notamment), en Sicile et dans le sud du pays en règle générale, l’art grec les représente toujours avec leur corps d’oiseau et leur buste de femme fatale. On les voyait souvent représentées dans des saynètes avec Dionysos ou au sommet des monuments funéraires.
Après les céramiques, c’est la peinture qui a pris le relais pour représenter les sirènes. On retrouve ainsi des tableaux connus de sirènes comme :
- Ulysse et la sirène par John William Waterhouse (1891) ;
- Ulysse et les sirènes par Margit Kovàcs (1969) ;
- La sirène repue par Gustave Mossa (1905) ;
- Ulysse et la sirène par Chagall (1974-75) ;
- Ulysse et les sirènes par Bernard Buffet (1993).
Le cinéma, plus récemment, a perpétré le mythe des sirènes avec « La Petite Sirène » (connue sous le titre « Marina la petite sirène »), un film d’animation japonais de 1975.
Disney a aussi repris le flambeau avec « La petite sirène » (1989), et le film réalisé par Rob Marshall avec Halle Bailey (2023).
Il ne faut pas oublier le clin d’œil des frères Coen dans le film O’Brother (2000) qui rappelle le chant XII de l’Odyssée.
Les Sirènes dans d’autres Mythologies
La sirène, connue traditionnellement pour son corps d’oiseau et sa tête féminine, a laissé la place à une autre figure mythologique populaire avec une représentation de femme avec un corps de poisson.
Cela provient de la mythologie nordique qui la dépeint ainsi dès le Moyen-âge (entre le VIe et le VIIIe siècle) en Europe.
Cette représentation avec une queue de poisson provient notamment de la figure qu’est Margyr, une redoutable géante des mers.
Depuis, les représentations grecques et nordiques vont cohabiter jusqu’au XVe siècle.
La sirène se fait gentille puis romantique à partir de 1835 grâce au conte d’Andersen « la petite sirène ».
Enfin, d’autres créatures avec une femme à corps de poisson virent le jour dans d’autres mythologies :
- Atergatis, le pendant féminin du dieu babylonien Oannès, était dotée d’une queue ou d’un costume de poisson. Elle émergeait chaque matin de la mer et y retournait au coucher du soleil. Elle symbolisait les mystères de la guérison et était associée à la fertilité.
- Ningyo : dans la mythologique Nippone, la « ningyo » est une créature des mers avec un torse humain, une bouche de singe et des dents de poisson. Elle porte également une queue de poisson aux écailles dorées et sa voix ressemble au son de la flûte. Elle portait malheur aux pêcheurs qui la prenaient dans leurs filets.
- Mami Wata au Togo.
- Simbi à Haïti.
- Lemanja à Cuba et au Brésil.
Sirènes : Mythe ou Réalité Scientifique ?
Du mythe jusqu’à la réalité, il n’y a qu’un pas.
De nombreux marins rapportent avoir aperçu des sirènes au cours de leur voyage, et ce depuis des siècles. Christophe Colomb en personne confesse les avoir aperçues près de Saint-Domingue, même s’il s’agissait très probablement de mammifères marins comme des lamantins ou des dugongs.
Entre le XVIe et le XIXe siècle, les scientifiques n’ont jamais su ce qu’il en était en réalité. Certains allèrent même jusqu’à créer de fausses sirènes pour les exposer dans les foires.
Ce qu’on appelait alors les « freak shows » était des lieux d’exhibition d’êtres humains et d’animaux aux caractéristiques parfois monstrueuses (femme à barbe ou femme souffrant d’hirsutisme) et aux compétences allant au-delà du naturel.
On y retrouvait ainsi des nains, des siamois, des femmes et des hommes handicapés.
C’est Phineas Barnum, en 1841, qui fit entrer la sirène au panthéon des créatures en proposant un montage taxidermique réalisé avec une tête de singe attaché à un corps de poisson, le tout étant consolidé par du papier mâché.
Même si les scientifiques réfutaient l’existence de sirènes, Barnum préféra entretenir l’ambiguïté.
Aujourd’hui, la sirène continue de fasciner et l’on sait très bien que les fonds des océans sont loin d’avoir été entièrement explorés.
Et si le mythe rattrapait vraiment la réalité ?
Qu’en pensez-vous ?